Témoignages - Tunisie

Publié le par Al Hijra

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cc Flickr by Richard Lehoux

 

Sabrina: Depuis combien de temps habitez-vous dans ce pays ? Pour combien de temps ? Est-ce la prem[b]ière fois que vous vivez a étranger et pour quelles raisons (hijra, expatriation professionnelle) [/b]avez-vous quitté la France?

Je m’appelle Zaynab. J’ai une quarantaine d’années. Je suis née à Paris, de parents Algérien et Tunisien, je suis mariée à un Tunisien (je précise que nous avons tous les deux la nationalité française). Nous habitions en région parisienne.

Nous avons 6 enfants âgés de 14 ans à 4 ans, ils n’ont jamais été en maternelle en France, je faisais l’école à la maison et les plus grand sont été scolarisés à l’école Irakienne de Paris. Puis, nous avons décidé de saisir une opportunité professionnelle de mon mari pour partir au Maroc pendant une année, ensuite j’ai enchainé avec la Tunisie l’année suivante pour que les enfants puissent continuer leur scolarité en arabe. Pendant la période Tunisienne, mon mari travaillait en France et venait nous rendre visite en Tunisie de temps en temps.

Sabrina:
Le déménagement et l’installation ont-ils été faciles? Quels difficultés avez vous rencontrées?

Zaynab: Le déménagement et l’installation n’ont pas été faciles bien sur mais al hamdoulillah on s’en est pas trop mal sorti, sachant que j’ai fait pas mal de concessions par rapport à mes gouts, mon idée du confort etc.

Sabrina: Qu’est-ce que vous trouvez ici que vous ne trouviez pas en France,
qu’est-ce qui vous appréciez le plus dans les mentalités, les habitudes du pays ?

Zaynab: Que ce soit en Tunisie ou au Maroc ce que je ressens sans aucun doute c’est la sensation d’être à la maison, la sensation d’être parmi les miens, même si je ne maitrise pas la langue. Le bonheur d’être regardée avec bienveillance « malgré » le hijab, d’être appelée« oukhti » par les commerçants ou les agents administratifs. La gentillesse des gens envers les enfants.

Sabrina:
Qu’est-ce qui vous agace au contraire le plus dans les mentalités, les habitudes du pays ?

Zaynab: Ce qui m’énerve ou plutôt qui me choque c’est la grande disparité sociale. La bourgeoisie « bling bling » qui roule en 4×4 à toute allure sans regarder les pauvres des bidonvilles. le coté superficiel et matérialiste de beaucoup de gens, et leur avidité pour la consommation, très spécifique des pays « émergents » comme disent les sociologues.

[b] Sabrina:
[/b]Comment se passe la scolarisation ? Y-a-t-il des écoles françaises ?

Zaynab: La scolarisation des enfants se passe plutôt bien, mais même dans les meilleures écoles privées il faut un suivi très rigoureux à la maison, voire rajouter des cours de soutien, du moins c’est mon cas.Mes enfants étant scolarisés en arabe je ne sais pas grand-chose des établissements francophones, en tout cas en Tunisie ils sont très rares, on en trouve surtout à Tunis.

Sabrina:
Vos enfants sont-ils bilingues ?Se sont-ils habitués facilement à leur nouveau cadre de vie? Qu’est ce qui a été le plus difficile ou au contraire le plus facile pour eux?L’intégration est-elle aisée? Comment les français sont-ils perçus?

Zaynab: Les enfants sont bilingues, mon mari ayant toujours tenu à leur parler en arabe, ils ont donc tout naturellement enchainé à l’école.Ils se sont bien intégrés car comme je l’ai dit precédemment ils ont toujours évolué dans un contexte arabophone meme en France. Meme s’ils entendent souvent les même réflexions du genre « tu viens de France ?ton père doit etre riche », « vous êtes fous pourquoi vous avez quitté la civilisation pour venir ici ? », « si on avait eu la chance de naitre en france jamais on serait venu vivre ici », au début les enfants étaient un peu vexés puis ils se sont habitués et maintenant ils prennent cela avec dérision.

Sabrina: La vie est-elle chère ?

Zaynab: La vie est relativement chère quoiqu’on en dise. Pour l’alimentation j’achète au maximum les produits frais dans les marchés et les épiceries du quartier. Les supermarchés ne me manquent pas du tout.

Sabrina: Côté alimentation, qu’est-ce que vous appréciez le plus? Avez vous fait des découvertes culinaire? Qu’est ce qui vous manque par contre?

Zaynab: Je n’ai pas vraiment fait de découvertes culinaires, car j’ai remarqué que en Tunisie ou au Maroc quand on est invité les gens font pratiquement toujours les meme plats, alors j’ai acheté des livres de cuisine mais je ne les ouvre jamais car pour le moment ce n’est pas ma priorité.

Sabrina: Comment est le climat en Tunisie?


Zaynab: Le climat est sensé être agreable mais pas pour moi, car en tout cas en Tunisie, le soleil est aveuglant, ou alors il y a du vent et là on se prend du sable et de la poussière plein la bouche et les yeux, et quand il pleut on patauge dans la gadoue vue que l’urbanisation laisse à désirer. Et en hiver on se gèle dans les maisons, et ça j’ai de plus en plus de mal à le supporter. Mais bon,quand même on a toujours ce beau ciel azur et ça c’est bon pour le moral.

Sabrina: A quelle fréquence « rentrez »-vous en France ?

Zaynab: Nous rentrons une fois par an en France chaque été, mais nous souhaitons espacer tous les deux ou trois ans par exemple.

Sabrina:
Avez-vous prevu de revenir vivre définitinivement en France un jour ? Qu’est-ce qui ne vous donne pas du tout envie de revenir habiter en France ?

Zaynab: Malgré les difficultés de la vie quotidienne au bled, je prie pour qu’ Allah sobhanou nous aide a rester dans nos chers pays musulmans, je n’ai plus du tout envie de rentrer en France où mon coeur se serre chaque fois que j’arrive à l’aéroport. En France je me sens comme une paria, ma religion qui m’est plus chère que ma vie, est incomprise, insultée chaque jour et je ne peux plus le supporter.

Sabrina: Avez-vous des conseils à donner aux familles Françaises qui souhaiteraient s’installer dans votre pays?

Zaynab: Le conseil que je peux donner à tout ceux qui veulent rentrer au pays c’est : clarifier ses intentions, ne pas idéaliser le pays, écouter son coeur : où je me sens le mieux? Ici ou là-bas, et surtout quel avenir pour mes enfants ? Enfin accepter de faire des sacrifices, renoncer à un certain « confort de vie » occidental (très illusoire pour ma part).Voila je suis loin d’avoir fait le tour du sujet mais j’espère vous avoir donné un aperçu de mon expérience que je ne regrette pas du tout et que je souhaite continuer avec l’aide d’Allah sobhnabou. Bien fraternellement votre soeur Zaynab

Barakallahou fiki Zaynab pour avoir partager ton quotidien.

 

cc Flickr by Richard Lehoux

 

http://www.mm-blog.fr/2010/08/francaises-tunisie/

 

Fi AmaniLlah

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